Il fait frais. La montagne est encore un peu embrumée. On se faufile dans une petite sente où les voitures se croisent à peine. Tiens des Dérailleuses en sens inverse ! « Alors c’est où ? Vous avez trouvé ? » Finalement, caché derrière quelques pins, apparaît un bâtiment construit dans les années 60. Bâtiment prévu pour accueillir à la montagne les mômes de la ceinture rouge parisienne, avant de devenir brune (c’est la ceinture qui est devenue brune, pas la montagne – tout ça, c’est à cause de l’agente S, dont il sera question plus tard, et avec qui nous avons vu un spectacle de Brecht sur le IIIè Reich – depuis je vois un peu tout en rouge et en brun). Une municipalité des années 80 a rafraîchi le blockhaus stalinien en gros bonbon aux couleurs arc-en-ciel, aujourd’hui délavées.

Mais on s’égare. Alors, ah oui ! On se retrouve. 
Il y des nouvelles, Marie et Eleonora, des vieux qu’on n’avait pas vus depuis longtemps, un presque Suisse arrivé de très loin, on se fait plein de bises – c’est ici que l’agente S commence à intervenir – et on monte sur les vélos. Nath et Jonathan partent à pied. Un groupe en route avec Sophie, les autres en VTT avec Lolo.

Les nuages disparaissent nonchalamment et laissent place à un beau soleil d’automne. 
A une croisée de chemins, Lolo annonce magistral : « à droite il y a plus de dénivelé et c’est moyennement intéressant ; à gauche ce sont de ravissants petits monotraces dans des coins inoubliables et vous avez tous largement le niveau ». Puis, en aparté comme au théâtre pour que personne n’entende, « c’est juste un peu plus raide ». Etonnement, le groupe, unanime, choisit le tracé de gauche. Lolo dit toujours vrai : c’était raide, mais qu’est-ce que c’était joli !

Le soir nous sommes rejoints par Jean-Marc et Ricou, et Guillaume et un autre courageux venus à vélo.
L’apéro s’anime ; Marie fête son nouveau vélo, et Sophie aussi. 

La réunion d’antenne 2024 commence à peine que les plus vigoureux réalisent la gravité de la situation : une attaque bactério-virologique a déferlé sur les 25 Dérailleuses et Dérailleurs rassemblés ce soir. La moitié des participant.e.s a un mouchoir dans la main et un pied dans la tombe. « On » aurait voulu influer sur le résultat de l’élection dans le canton très indécis de La Mure « qu’on » ne s’y serait pas pris autrement. Oui, mais d’où vient la contamination ? L’agente S est partie se coucher… tiens, tiens…  L’agent B prétend avoir un Covid non contagieux (fallait l’inventer celle-là, il l’a choppé comment son Covid non-contagieux ?). Heureusement ces tentatives de manipulations resteront vaines. Axelle et Ricou sont élus triomphalement responsable et co-responsable à l’unanimité.

La soirée se prolonge autour du babyfoot pour les uns et, pour les autres, d’une discussion fort intéressante sur les bienfaits d’une augmentation de la PDC de 5 euros à 5euros et 25 centimes mais qui ne s’appliquerait pas aux WE organisés en Haute Tarentaise, sur le versant sud de Belledonne et dans toute la partie de la Drôme pompeusement appelée provençale. L’attaque bactério-virlogique semble avoir aussi des effets sur les capacités cognitives des Dérailleurs non babyfootistes..

Le lendemain Line nous quitte de bon matin à vélo pour rejoindre Grenoble et sauter de trains en trains jusqu’à Paris. A cause du Covid non contagieux, l’agent B apparaît pimpant sur son vélo avec une demi-heure de retard.
La journée était annoncée plus maussade. L’attaque de la veille a planté les routières et les routiers qui se contenteront d’une rando pédestre. Les VTT-istes tiennent à peu près et ne sont pas déçus du parcours, magnifique comme d’habitude. Un dérailleur un peu fatigué : « Alors Lolo ne nous dit pas que c’était une rando 1 pignon tout de même », « Ah non, c’était un T3 avec balcon ». Le pauvre, il se prend pour un commercial de Nexity… à tous les coups les effets de l’attaque bactério-virologique.

Avant de se quitter, on se dit bien sûr que c’est à refaire. Nath et Bernie cherchent un camping pour 100 personnes dans le coin, pour 2030 ou 2040 ? Peu importe, « géréver, c’est prévoir ». 
Mille mercis à Axelle qui s’est occupée de la réservation, des messages, des paiements et de plein d’autres choses encore, à Benji pour l’apéro et la vidéo, et comme de coutume à Sophie et Lolo pour les traces.