Retrouver l'esprit de corps des Dérailleurs, c'est simple comme une recette « vertacomicorienne » (ou presque), c'est-à-dire une bonne caillette à base d'épinards pour le plus grand plaisir de Popeye qui, cette année avait choisi de passer ses vacances dans le plus grand parc régional naturel de France en Vercors auprès de sa dulcinée Olive et lui faire découvrir les splendeurs panoramiques du haut des falaises calcaires des hauts Plateaux.

Mal lui en appris car sitôt arrivés près d'Engins, Olive lui faussa compagnie comme engloutie par le mythique -1000m du Gouffre du Berger.
Il n'en croyait pas ses yeux d'autant qu'elle avait affreusement peur du vide. A coup sûr elle lui jouait une mauvaise plaisanterie à moins qu'elle n'ait été kidnappée à cause de cette somptueuse lingerie Made in France qu'il venait de lui offrir et était susceptible d'attirer plus que le regard de margoulins et autres brigantines férus de Mandrin.
Pendant 2 jours et 3 nuits il s'échina à inspecter en vain toutes les anfractuosités des lieux mais Olive n'était plus et il en avait les larmes aux yeux. Il finit par échouer l'âme en peine à la taverne de la Fontaine de l'Enfer à Méaudre pour raconter ses malheurs qui retint toute l'attention de la renarde du coin, la surnommée Stella, l'Etoile argentée. Cette dernière lui conseilla de contacter Rox, la femme de Jess au pédalier d'Or, rompue aux expéditions spéléo et capable de retrouver un string couleur chair au fin fonds d'un canyon sans tain.

Bien vite au parfum, cette dernière rassura bien vite notre pauvre Popeye en lui garantissant de retrouver morte ou vive l'Olive de son coeur en moins de 5 jours ouvrés car forcément il était bien possible qu'elle ait été déplacée par les airs par une escouade de vautours . Le plan de Rox était simple mais méthodique : elle allait rassembler sa meilleure équipe de destriers formés à l'école des Dérailleurs pour sillonner le pays à travers ses chemins et sentiers où seuls d'habiles cavaliers peuvent se faufiler avec dextérité : du dimanche au mardi, la région de Méaudre-Autrans serait d'abord passée au peigne fin à partir du camp de base de La Couve puis l'équipée sauvage s'établirait près de Vassieux-en-Vercors au camp des Carlines pour poursuivre les recherches si nécessaire du mercredi au samedi.
Mais pour Rox, c'était à « la Sure » qu'elle allait la retrouver, il lui fallait juste recruter la bonne équipe et très vite des candidats très expérimentés à l'expé furent sur les pistes d'Olive : Clear la Reine des cols, Alan le flibustier du rail, Rem l'herboriste des cocottes, Flo la chataigne corse, Lucy la corsaire vendéenne, Annlis la Belltégueuze belge, Fabs&Lor, les Bonny&Clyde du Quercy, Sly la calamity Jane du Cantal et Stella l'étoile argentée du pays.

Tout commença par une mise en jambe d'une quarantaine de bornes qui mena la troupe d'Autrans jusqu'au sommet de la Molière pour redescendre à l'auberge de la Croix Perrin. Seule Clear parvint à dévaler la pente de plus de de 40 km/h de moyenne, à fond les ballons, sur les traces de Bernie, la fureur rouge de Chambéry qui stoppée net dans son élan, déclara n'avoir pas vu l'ombre d'un cheveu de cette brune évaporée mais avoua avoir chouravé une dentelle blanche près de
Bellecombe. Intriguée par ses déclarations, la troupe offrit le gite et le couvert à Bernie qui pourrait apporter de précieux conseils pour la suite des opérations, en remettant le morceau de dentelle à Popeye et attester du passage de sa chère dulcinée sur ces hauteurs de l'Ouest du Vercors. Les soirées étape à la Couve furent de mémoire de Dérailleurs d'une si haute qualité gustative que tous les saloon de l'Arkansas risquent de mettre la clé sous la porte.
Si bien restaurés et reposés, les équipiers de Rox avalaient sans tracas majeur les journées au dénivelé élevé qui passaient comme une lettre à la poste et atteignirent Villars de Lans et son Solarium du « pré pour tous » sans coup férir après le passage au pont de l'Amour, un endroit enchanteur qui permit des retrouvailles saisissantes -non pas celles d'Olive toujours portée disparue- juste celles des éclopées de la veille.
De retour à La Couve, les mines étaient chagrines, car cette fois-ci aucun nouvel indice et pas la moindre trace de la brunette. Il fallait bien se résoudre à changer de direction et Rox, la captain prit rapidement les choses en main en mettant cap plein sud vers la Plaine d'Herbouilly pour regagner la combe de Saint Agnan en empruntant une sente aérienne aux aplombs vertigineux mais superbes, il était difficile de penser que l'Olive s'était aventurer seule par ce chemin mais le choix de Rox était inflexible et la troupe devait s'y soumettre même après les Berts et le gîte des Ravoux où tous aurait bien aimé finir s'affaler dans le foin de la grange surtout avant le supplice d'une montée infernale à travers bois et cailloux nécessitant parfois le portage de la monture sur les épaules. Personne ne rechigna à l'exercice et garda l'oeil vif jusqu'à atteindre la confortable piste forestière qui mena le reste de l'équipe jusqu'au gîte des Carlines de Roche-Bonne.
C'est durant cette ascension épuisante qu'Annlis, le Cannondale en écharpe sur les épaules repéra la seconde pièce à conviction : un nouveau morceau de bonnet de couleur jaune canari était agrippé dans les branchages d'un buis sauvage.
A la découverte du mythique bout de tissu, elle poussa un cri si fort que l'écho dans la combe retentit et stoppa net toute la colonne, et pour cause ce n'était pas du « chantelle » cette fois-ci mais un bout de brassière en élasthane tout juste utile à baliser les chemins de la GTV. Annlis garda cependant précieusement le bout d'étoffe enroulé autour de son poignet convaincue que Popeye n'avait peut être pas offert du « Chantelle » à Olive. Epuisée par tant d'effort, l'équipe dut faire appel au courage de Clear pour aller récupérer les montures fatiguées et à Rem qui alla cueillir quelques feuilles de la « fée verte » pour les faire sucer comme des feuilles de coca et permettre d'atteindre Roche-Bonne au soleil couchant sans encombre mais « l'épilobe » de cette épopée n'est pas qu'inscrit sur le mur du gîte (« Honi soit qui mal y pense » devise de l'Ordre de la Jarretière) puisqu'arrivés sur place, Rox et ses acolytes eurent la surprise de retrouver attablés Popeye et Olive, en amoureux, acclamant l'arrivée des valeureux chercheurs de dentelle sous un faux air de Francis Cabrel :
« Comme un bout de tissu qui se déchire
L'instant d'après le vent se déchaîne
C'est que le début
D'accord, d'accord
Le Vercors t'en veux encore
Le Vercors te prend au corps
C'est que le début
D'accord, d'accord ».

Sylvie

Et bientôt l'album photo...