PHASE 1 : Timide.
Nous arrivons très en retard au rendez-vous. Le temps est brumeux sur le petit village côtier d’Erquy. Claire s’excuse platement pour ce contretemps embarrassant. Le mystère plane sur l’identité de mes compatriotes du guidon d’un jour. Cinq silhouettes équipées nous accueillent. Les pauvres ne savent pas mon niveau d’incompétence et une certaine partie de mon anatomie ne sait pas qu’elle en pâtira crescendo.

PHASE 2 : Empêtré.
Après un dernier retardement dû à un défaut de ravitaillement nous prenons la route. Je guidonne. Je m’emmêle à coup de pignons et de plateaux. Fabrice, optimiste m’encourage. Philippe est leader. Je mouline, ça grimpe sec, je sue. Mes compatriotes aguerris discutent gaiement. Je traîne, je halète. Le vélo de l’espace que m’a prêté Elise est supersonique, mais je ne maîtrise rien. Christophe « Kiki » me questionne, sympathique. Je m’efforce de ne pas m’engager dans une ornière. Nous débouchons sur une jolie crique embrumée. Séance photo juchés en haut d’un rocher, la posture est héroïque. Nouveau départ : Philippe « leade », imperturbable. Fabrice semble filer au-dessus du sol. Jean-Marie rêve.

PHASE 3 : Euphorie.
Je m’extirpe de situations qui auraient pu m’être fatales. Je prends confiance, m’amuse. Je tressaute copieusement sur ma selle. Admiratif, j’observe les autres filer gracieusement. Le vélo d’Agnès semble d’un autre âge, mais elle en tire sacrément bien parti. Nous zigzaguons parmi les hameaux charmants , les chemins herbeux. Stop photo au bord d’un lac énigmatique, une jeune femme à vélo est mise à contribution pour immortaliser l’instant. Ses boucles blondes et sa beauté évoquent une publicité pour de la crème fraîche.

PHASE 4 : Résistance.
Je me tortille sur la selle en pensant qu’il existe un vêtement dont le moelleux évoque le confort de la couche-culotte. Je n’en ai pas. Les échanges continuent au détour des chemins, le porc ponctue le trajet de ses effluves tenaces. Nous arrivons à une oasis ! Le Château de « Bien-Assis » (Non, sérieux ?) sonne le temps du répit pour mon séant. Nous échangeons, rions autour de nos sandwiches salvateurs. Sont vachement sympas les Dérailleurs. J’oublierais presque ces 25 km passés. Record du monde…

PHASE 5 : Bérézina.
Le retour en selle sonne comme un coup de tonnerre. Encore 15 km. Je ahane, me tortille afin d’atténuer l’inconfort à présent exponentiel. Prix à payer pour le « dépassement de soi ». Fier de ma « perf » on me félicite, je suis un bienheureux. Mon séant abdique. Chaque coup de pédale le meurtrit un peu plus. La posture est grotesque : en arrière, les jambes écartées je tente de protéger les morceaux en état de marche. Tout le monde est frais comme la rose et je grimace. Agnès fend la bise, Claire parle. Elle parle… parle… Agnès, oreille attentive, écoute.
Nous touchons au but : Erquy est en bas. « Allez, c’est la dernière côte ! » me dit Fabrice. Il y a eu beaucoup de dernières côtes… Nous voici de retour au village, le ciel est métallique, l’eau retirée. C’est beau la Bretagne ! 43 km… Jamais de ma vie je n’ai roulé tout ça ! Incroyable comme c’est vite passé !

PHASE 6 : Réconfort.
Devant une crêpe nous nous retrouvons. Agnès, Claire, Christophe, Fabrice, Jean-Marie, moi et mon postérieur délabré. Philippe a filé pour prendre la route avant le banquet final… « ô temps, suspend ton vol… ». Je me sens hyper-vivant. Intégré. « I did it ! ». L’idée d’une baignade nous effleure.

PHASE 7 : Joie.
Allez, tout le monde à l’eau ! Prêt à tout pour me réparer je fonce dans la bonne eau calme. Les vélos en totem sur la grève nous observent. Claire arrive, puis Agnès, puis tous les garçons se jettent au bouillon ! Quelle belle conclusion !

Ce fut une expérience aussi cuisante que merveilleuse faite de beaux échanges, de challenges, de bonne humeur ! Remettre le pied à l’étrier ? Oui, avec grand plaisir, mais alors bien équipé !
Merci à tous mes compatriotes d’un jour, merci pour votre patience, votre bienveillance, vos encouragements !
I’LL BE BACK.
Laurent.